La leçon de littérature de Geneviève Brisac : « Le point commun entre un écrivain et un adolescent, c’est qu’il a besoin de rêvasser. »

par Nathalie Pierrée

Lundi 18 mars, l’auteure de Week-end de chasse à la mère, Prix Femina 1996, et plus récemment du Chagrin d’aimer ou de Mes mots sauvages est venue à la rencontre des élèves du Lycée Paul Langevin pour leur donner une leçon de littérature

Créées en 2017 et mises en place par Le Conseil régional d’Ile-de-France, les leçons de littérature sont des conférences d’auteurs à destination des lycéens. Elles invitent les jeunes à découvrir l’imaginaire d’un auteur, son travail d’écriture, ses lectures, ses sources d’inspiration...
Trois classes ont été sélectionnés par leurs professeurs de lettres pour participer à cette leçon : la classe de 1L/ES avec Mme Legendre, les classes de 2de 6 et de Terminale L avec Mme Pineau. Pour préparer les élèves à cette rencontre, le CDI a fait l’acquisition de quelques titres des romans publiés par Geneviève Brisac : Vie de ma voisine, Mes Mots sauvages, Le chagrin d’aimer, Une année avec mon père, Week-end de chasse à la mère, Petite, Dans les yeux des autres, Pour qui vous prenez-vous ?

Qu’est-ce qu’un écrivain ?

C’est une des questions auxquelles tente de répondre Geneviève Brisac lors de cette leçon. « Un écrivain c’est quelqu’un qui est discrètement tapi comme ça au milieu des siens, qui regarde, qui espionne ». L’auteure raconte : « Quand je suis arrivée dans votre lycée, j’ai commencé par faire une grande promenade dans tous les recoins, guidée par une de vos enseignantes, et j’ai tout de suite enregistré énormément de choses, des petites sensations, impressions que j’ai eu en arrivant dans ce bâtiment qui est à la fois avec une grande mémoire, et en même temps, assez moderne, à sa manière, très calme, il y a une atmosphère de calme dans votre lycée, c’est la première chose qu’on remarque quand on arrive. »

Un écrivain, ça sait surtout raconter des histoires. Alors Geneviève Brisac raconte son histoire, une histoire où il est question de pièces de théâtre qu’elle écrit et monte avec ses soeurs devant le public familial, des « suites » qu’elle invente à des textes déjà existants. C’est ainsi qu’elle écrit les Aventures inédites de Lucky Luke ou des Schtroumpfs, avant de se lancer dans un projet plus ambitieux : la suite de La légende des Siècles, de Victor Hugo...
Une histoire où il est aussi beaucoup question d’un grand-père qui lui a fait découvrir l’importance de lire, d’écrire ou de recopier des phrases, à qui elle annonce, lors d’une promenade, son projet de devenir écrivain. Le grand-père ne voit pas vraiment d’un bon œil cette décision et rêve d’un autre avenir pour sa petite-fille. Mais Geneviève Brisac, refusant de suivre les conseils de son grand-père, se mit à écrire des livres, les livres dont elle raconte l’histoire aux élèves.

Mon métier

Pour définir le métier d’écrivain, Geneviève Brisac fait appel à une écrivaine italienne qu’elle admire, Natalia Ginzburg, dont elle lit un extrait de Mon métier publié dans Les petites vertus. L’auteure y explique comment elle sait qu’écrire est son métier. Mais aussi qu’elle n’est jamais totalement satisfaite de ce qu’elle écrit, qu’en se relisant elle trouve toujours « quelque chose d’un peu faible ou d’un peu raté »... « Un écrivain, c’est quelqu’un qui n’est pas bon à grand chose et c’est même bizarre qu’on nous invite dans les lycées pour en parler » remarque avec humour Geneviève Brisac.

Un échange s’instaure alors entre les élèves et Geneviève Brisac. Les questions que ces derniers lui posent sont nombreuses, des plus triviales au plus profondes : « Est-ce que vous pensez aux gens qui vous connaissent quand vous écrivez, à ce« qu’ils vont en penser ? » ou « Faut-il avoir connu des épreuves pour pouvoir écrire ? » Mais aussi des questions pratiques :« Peut-on utiliser des textes qu’on a écrit il y a longtemps ? » ou « Faut-il prendre beaucoup de notes et les regrouper dans des carnets ? »

En conclusion, cette leçon aura été une « rencontre forte en émotions » selon les mots d’une élève. Elle aura permis à nos lycéens de faire connaissance avec une auteure contemporaine et de susciter ou d’encourager des vocations...

Nathalie Pierrée, professeure documentaliste